Investi jeudi, le prochain chef de l’Etat, issu du camp ultraconservateur est critiqué par des opposants pour son rôle au sein de la «commission de la mort» lorsqu’il était procureur adjoint de Téhéran.
par Eric
Landal
publié le 2 août 2021
Elu président le 18 juin, l’ultraconservateur Ebrahim Raissi a fait toute sa carrière dans la justice, jusqu’au sommet : en mars
2019, le Guide suprême, Ali Khamenei, l’a nommé chef de ce pouvoir
traditionnellement acquis aux plus durs du régime. Ses derniers postes lui ont
permis de faire valoir, pendant la campagne ce printemps, sa lutte acharnée
contre la corruption. Mais une autre ligne de son CV intrigue les opposants à
l’intérieur et à l’extérieur du pays. En 1988, alors qu’il avait 27 ans,
Ebrahim Raissi a participé au comité qui, à Téhéran, décidait quels prisonniers
devaient être exécutés, et ils devaient presque tous l’être aux yeux de cette
instance surnommée la «commission de la mort».
Dans une étude parue en 2017, Amnesty
International rappelle deux épisodes confirmant son implication. Mi-août 1988,
alors que la vague d’exécutions a commencé depuis environ trois semaines, un
très haut responsable politico-religieux envoie un courrier pour protester. L’ayatollah
Montazeri, compagnon de route et successeur putatif du fondateur de la
République islamique, rappelle en dix points les critiques contre la vague
d’exécutions qu’il a formulées oralement et par écrit auprès de l’ayatollah Khomeiny,
le Guide suprême. Ebrahim Raissi est l’un des quatre destinataires, avec les
autres membres du comité. Dans ses mémoires parus en 2000, l’ayatollah
Montazeri raconte avoir exprimé son opposition lors de réunions avec les
protagonistes, dont Ebrahim Raissi.
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