Mahmoud Royaei, incarcéré dans les prisons d’Evine, de Ghezel-Hessar et de Gohardacht de 1981 à 1991, a déclaré dans son témoignage sur le bourreau Hamid Nouri :
« Mon procès a été mené par un religieux en
colère en moins de dix minutes, sans avocat ni formalités légales. Il a lu
l’acte d’accusation, mais dès que j’ai voulu me défendre, il m’a dit de ne pas
parler. « « es-tu prêt à passer une interview télévisée ou non ? » J’ai répondu
que je n’avais rien fait et que je n’avais rien à dire. Quand il a vu que je
n’acceptais pas l’interview, il m’a jeté dehors et a dit que ma peine serait
l’exécution. Après les efforts inlassables de mon père avec des dépenses
considérables, trois mois plus tard, j’ai été condamné à dix ans de prison.
J’ai été transféré d’Evine à Ghezel-Hessar en décembre 1981. À l’arrivée, ils m’ont rasé les cheveux et les sourcils et m’ont forcé à manger mes cheveux tout en me battant et en me menaçant. Ensuite, ils m’ont mis dans une cellule de 1,5 x 2,5 mètres, avec 45 autres personnes.
Le 6 avril 1986, nous avons été transférés
de Ghezel-Hessar au quartier 2 de Gohardacht.
Le harcèlement a commencé dès le début.
Nous avons également protesté en n’acceptant pas la nourriture ou en n’allant
pas prendre l’air. J’ai vu Hamid Nouri avec Nasserian pour la première fois
dans le quartier 2 de la prison de Gohardacht.
Le 3 juillet 1987, Davoud Lashkari est
entré dans la prison et a déclaré : « Je vais ouvrir la cour pour l’air frais,
mais quiconque sort pour faire de l’exercice, nous lui briserons les côtes, les
pieds et les mains. Ils ont ouvert la cour et nous avons commencé à faire des
exercices. À la fin des exercices, les gardiens de la révolution ont écrit nos
noms et nous ont appelés un par un. Les gardes ont formé deux rangs et nous ont
battus à l’aide de divers moyens comme des bâtons, des barres de fer et des
câbles lorsque nous avons traversé ce tunnel humain. On entendait bien la voix
de Hamid Nouri parmi les gardiens de la révolution. Après avoir traversé ce
tunnel, et après avoir transpiré à cause de l’exercice, ils nous ont fait
passer devant un très grand climatiseur. Puis ils nous ont emmenés dans une
pièce sans ventilation ni air frais. Nous avons appelé cet endroit la chambre à
gaz parce qu’il n’y avait pas d’air frais du tout.
Le mercredi 3 août 1988, j’ai vu Hamid Nouri
à plusieurs reprises dans le couloir de la mort. Une quarantaine de personnes
de différents quartiers ont été amenées dans le couloir. Une demi-heure après
l’arrivée dans le couloir, j’ai vu Hamid Nouri lire une liste d’environ 15 noms et ils les
ont fait passer par une porte en bois au milieu du couloir. Après quoi, Hamid Nouri
a lu deux autres fois des noms de prisonniers et les a dirigés dans la même
direction. Je ne savais pas qu’à ce moment ils les exécutaient.
Le même jour, une autre personne et moi-même avons été transférés dans la salle
n° 4 du quartier 2. Là, j’ai vu le martyr Modjahed Siamak Touba’i qui a dit que
tous les prisonniers avaient été tués. Le 30 juillet, une sœur dans une cellule
d’isolement près du quartier a informé Siamak en morse que les prisonniers
étaient emmenés devant une délégation et ensuite exécutés. Le 31 juillet, dans
un autre quartier, ils avaient entendu des ambulances faire des allers et
retours et déplacer des corps.
Dans les derniers jours de septembre, Nasserian et Hamid Nouri sont venus au
quartier et Nasserian nous a menacés en disant : « Ne pensez pas que les
exécutions sont terminées.»
Mahmoud Royaei a déclaré au représentant du
bureau du procureur suédois que la publication du fichier audio de Nasserian et
Razini par le Conseil national de la Résistance iranienne le 15 novembre 2019
ne laissait aucun doute sur le fait que la personne arrêtée en Suède était
Hamid Nouri , l’un des auteurs du massacre. Pour mémoire, M. Royaei a présenté
un exemplaire de son livre en cinq volumes, intitulé “Aftabkaran”, détaillant
la torture, les exécutions et le massacre.
Concernant la situation des familles des martyrs du massacre et les
circonstances de certains d’entre eux à l’époque, il a déclaré :
« Après ma libération, nous nous sommes rendus à la maison du Modjahed Hamid
Lajevardi avec le membre de l’OMPI Azad-Ali Hajiloui. La mère de Hamid a appelé
les enfants de Hamid et leur a dit : « Venez voir vos oncles. » Les enfants
nous ont emmenés, Azad-Ali et moi, dans la chambre de leur grand-père. Dès que
je l’ai salué, le père m’a regardé et m’a dit : « Hamid, pourquoi t’ont-ils tué
? » La mère a dit que ce n’était pas Hamid, c’était Mahmoud, l’ami de Hamid.
Mais le père n’a pas abandonné. Il a demandé à plusieurs reprises : « Pourquoi
t’ont-ils tué ? As-tu escaladé le mur d’une maison qui ne t’appartient pas ?
As-tu volé ? Est-ce que tout le monde dans ton quartier ne t’aimait pas?
Pourquoi vous ont-ils tué? »
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