Le bureau du procureur suédois, sous la supervision du bureau du procureur albanais, a interrogé les témoins du massacre de 1988 et les familles des victimes à Achraf-3, en Albanie, pendant dix jours à partir du 7 novembre 2020 sur le bourreau Hamid Nouri.
Asghar Mehdizadeh, prisonnier politique de 1981 à 1994, a témoigné avoir vu Hamid Nouri pour la première fois à la prison de Gohardacht en 1986. Il a déclaré :
« À l’époque, j’avais demandé à être transféré à la prison de Racht. Hamid Nouri m’a dit : il n’y aura pas de transfert tant que tu ne coopéreras pas, parce qu’en ce moment tu admets être un partisan de l’organisation (OMPI) et tu insistes sur cette appartenance.
En guise de punition pour avoir effectué des exercices physiques en groupe, à deux reprises, nous avons été emmenés dans une pièce appelée “chambre à gaz”, qui n’avait pas d’ouvertures. Au bout d’une heure ou deux, nous transpirions tellement que nos pieds étaient mouillés et qu’il y avait des flaques d’eau sous nos pieds. Ils ouvraient la porte après nos protestations et nos cris et martèlements continus sur la porte. Ensuite, les bourreaux s’alignaient des deux côtés (formant un “tunnel”). Nasserian, Nouri et Lashkari se tenaient le plus près. Ils nous interrogeaient sur nos chefs d’accusations. Dès que nous disions que nous étions des partisans de l’OMPI, ils nous frappaient à coups de câbles et de bâtons pendant qu’ils nous poussaient vers les prochains gardes ou bourreaux.
De plus, en raison de la pratique de sports de groupe, en avril 1987, douze partisans de l’OMPI ont été emmenés à Evine pour un nouveau procès et condamnés au fouet et à être battus par câbles. Leur peine a été exécutée à Gohardacht par Nasserian, Lashkari, Nouri et d’autres tortionnaires.
Au printemps 1988, Nasserian et Nouri sont
venus nous voir et nous ont dit : « quiconque se réfère à son accusation comme
étant “Modjahed” (OMPI) doit attendre jusqu’à ce qu’on détermine son sort. »
Le 30 juillet, à 12h20, j’ai vu par une
petite fenêtre que Lashkari et Nouri ont bandé les yeux de prisonniers et les
ont emmenés à l’entrée de la cour, puis dans un hangar. J’ai appris plus tard
qu’ils avaient été emmenés pour être exécutés.
Le matin du 1er août, Nouri est venu
ouvrir les portes des cellules et a dit à tout le monde de se bander les yeux
et de se mettre au milieu du couloir. Puis il nous a alignés et nous a amenés
dans le couloir principal, où Davoud Lashkari était assis derrière une petite
table pour interroger les gens. La principale question portait sur
l’accusation. Quiconque disait qu’il était un “partisan” ou qu’il “soutenait
l’OMPI” était remis à Hamid Nouri qui l’emmenait dans le couloir de la mort.
Ce jour-là, il y a eu de l’agitation dans le couloir, et la foule augmentait
d’heure en heure. Ce jour-là, 15 groupes de personnes ont été exécutés, des
groupes composés de 10 ou 15 individus.
Le lundi 8 août, j’ai été envoyé dans le
quartier 7, qui d’un côté surplombait les cellules d’isolement. J’ai communiqué
avec la première cellule et j’ai réalisé qu’il s’agissait du [martyr] Hadi
Mohammad-Nejad. Il m’a dit qu’ils l’avaient emmené dans la salle de la mort
aujourd’hui et lui avaient demandé de coopérer et de recueillir des
renseignements. « Comme je n’ai pas accepté, ils m’emmèneront pour m’exécuter
», a-t-il ajouté. Il était le cinquième membre de sa famille à être exécuté.
J’ai été emmené dans le couloir de la mort
mardi, qui était rempli de prisonniers aux yeux bandés. Au bout de quelques
minutes, le gardien m’a dit: “pends des petites douceurs”. J’ai découvert plus
tard qu’il parlait des personnes dans le couloir de la mort. Lorsque douze
personnes ont été sélectionnées et sont passées devant la porte, plusieurs
autres se sont précipitées pour leur passer devant en scandant « ô Hossein !
Vive la liberté ! Vive Radjavi et à bas Khomeiny ! » Un garde a dit : « Mais
pourquoi vous courez pour être exécutés avant les autres ? » Un des prisonniers
dans le fond a répondu à voix haute : « Vous ne comprendrez pas tant que vous
ne serez pas à notre place et vous ne le serez jamais. » Puis ils ont emmené
deux ou trois autres groupes pour les exécuter.
C’est au quatrième tour qu’un garde est
venu me chercher et m’a emmené dans le couloir de la mort. J’ai vu de dessous
le bandeau que près de la scène, c’était pratiquement plein de cadavres.
Lorsqu’ils ont amené la quatrième série, les prisonniers ont scandé « A bas
Khomeiny, Vive Radjavi, Vive la liberté ». Le garde a enlevé mon bandeau. Les
gardes étaient sans voix et figés en regardant ces scènes et en entendant les
slogans des prisonniers. Nasserian les a interrompus et a dit aux gardes : «
Pourquoi vous restez silencieux ? Ces gens sont mauvais. » Nasserian, Nouri et
Lashkari sont allés voir les prisonniers et ont enlevé le tabouret de sous leurs
pieds (en les pendant). Mais avant d’arriver à la quatrième personne, les
prisonniers ont commencé à repousser les tabourets eux-mêmes après avoir scandé
les slogans « Vive les Moudjahidine, Vive Radjavi » et « A bas Khomeiny ». Ils
ont eux-mêmes repoussé les tabourets de sous leurs pieds. Je n’ai pas pu le
supporter et je me suis évanoui. Au bout d’un moment, un garde m’a jeté de
l’eau sur le visage et j’ai repris conscience, et ils m’ont emmené à l’endroit
précédent.
Après les exécutions, Nasserian est venu
dans la salle 13 avec Nouri et a emmené tout le monde au Hosseiniyeh, où ils
nous ont menacés de ne pas penser que les exécutions étaient terminées. Ils ont
dit que celui commencerait à former un groupe retournerait à la potence. « Nous
savons tout. Nous avons des taupes parmi vous. »
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